L′aisance financière, ce critère très subjectif
Une étude de la Drees montre les écarts parfois très spectaculaires qui peuvent exister entre la répartition technique des classes sociales et l′autoévaluation faite par les ménages.
Faites vous partie des classes moyennes, des ménages modestes ou à l'inverse des foyers aisés ?
Une étude de la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees) parue ce jeudi montre que pour s'identifier à une classe sociale, les Français se fondent avant tout sur le revenu et la profession, même si d'autres facteurs, comme le niveau d'étude ou le statut d'occupation de la résidence principale, ont aussi leur importance.
Mais là n'est certainement pas le point le plus intéressant de la publication. Dans son document, le service statistique ministériel des domaines sociaux met aussi et surtout en évidence la forte dichotomie qui existe entre la classification technique et le sentiment d'appartenance.
Une surreprésentation du sentiment d'appartenance aux classes moyenne et modeste
Selon le Crédoc et l'Observatoire des inégalités, les 30% de foyers aux niveaux de vie les plus faibles sont considérés comme catégories « modestes », les 10% les plus pauvres étant même jugés « très modestes ». À l'opposé les 20% ayant les plus hauts revenus sont dits « aisés ».
Les classes moyennes se situent logiquement entre les deux extrêmes (soit la moitié de la population). La classe moyenne supérieure correspond plus précisément aux 7 ème et 8 ème déciles, représentant une part de 20% de la population juste en dessous des plus aisés.
Si 20% des foyers sont donc statistiquement définis comme aisés, 7% seulement des personnes interrogées dans le cadre de l'étude se considèrent pourtant comme telles. 55% estiment appartenir à la classe moyenne (soit un peu plus que les 50% retenus dans la définition du Crédoc) et 38% se considèrent comme modestes voire très modestes.
Peu de Français du haut de tableau se définissent comme aisés
Dans le haut de la grille, la tendance à la sous-évaluation est manifeste. Parmi les 20% de Français qui font effectivement partie des plus aisés au sens statistique du niveau de vie, seuls 24% estiment appartenir à cette catégorie. La très grande majorité (69% d'entre eux) dit plutôt être de la classe moyenne. Plus étonnant encore, 8% de ces personnes les plus aisées se considèrent comme modestes.
À l'inverse, 30% des foyers les plus modestes estiment appartenir à la classe moyenne.
Les cadres et professions libérales se sous-estiment
L'appréciation de la situation diffère également selon les catégories professionnelles. Les agriculteurs, artisans et commerçant ont une perception assez proche de leur situation réelle. 55% déclarent être de la classe moyenne (contre une part statistique de 50% selon le Crédoc) et 34% se considèrent comme modestes (alors qu'ils sont 30% dans ce cas d'après le Crédoc).
Les cadres et professions libérales ont en revanche une interprétation plus floue de leur positionnement. Tandis que 80% de cette catégorie socio-professionnelle fait techniquement partie des foyers aisés, ils ne sont que 26% à estimer être dans ce cas. Ils se déclarent plutôt comme membres de la classe moyenne, à 68%. Une proportion bien plus élevée que le poids réel de cette catégorie (20%) dans l'approche du Crédoc.
Notons tout de même que les Français aisés se montrent relativement satisfaits de leur situation ( à 96%). 70% sont même optimistes sur leur avenir et 67% s'estiment mieux lotis que leurs parents au même âge.
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